Interview d’Alain Tuillière, maire de la Ville d’Aytré

Rencontre avec Alain Tuillière, maire de la Ville d’Aytré, à propos de la plateforme de budget participatif

En complément de dispositifs physiques ponctuels, la Ville d’Aytré (8 800 habitants, située en Charente-Maritime) utilise la concertation numérique dans le cadre du budget participatif afin de toucher un public le plus large possible. Rencontre avec Alain Tuillière, maire d’Aytré. Interview réalisée au cours du mois de février 2018.

Quels sont les dispositifs physiques en place dans votre ville favorisant le dialogue avec les citoyens ?

Nous n’avons pas de dispositifs physiques réguliers favorisant ces échanges. Par contre, nous travaillons beaucoup avec les associations de quartier qui assurent un lien entre les administrés et la Ville. Nous organisons également des réunions publiques ponctuelles pour créer des espaces de dialogue avec les citoyens.
Concernant le budget participatif pour lequel nous avons mis en place un volet numérique afin de mener à bien la concertation citoyenne, nous avions par exemple prévu une urne géante sur la place de la Mairie afin de prévoir un point de collecte disponible 24 heures sur 24.

Quels sont pour vous les avantages de ces dispositifs ?

Les dispositifs physiques restent nécessaires, notamment pour pallier à la fracture numérique et ne pas exclure les habitants qui n’ont pas accès à Internet et qui ne sont pas équipés pour pouvoir participer à une concertation numérique.

Quels sont pour vous les limites de ces dispositifs ?

Les dispositifs physiques restent laborieux : si l’on reprend l’exemple de l’urne, cela nécessite de saisir ensuite, au sens informatique du terme, chaque bulletin récolté pour valoriser leur prise en compte dans le cadre de la consultation sur le budget participatif. Privilégier les votes numériques permet donc un gain de temps et d’efficacité non négligeable puisque cela évite les saisies manuelles, dans un contexte où les budgets de fonctionnement d’une ville sont restreints du fait des baisses de dotation de l’État.

Quelles concertations avez-vous par exemple mené avec iD CITY ?

À ce jour, nous avons mené deux concertations via la plateforme numérique d’iD CITY au sujet du budget participatif.

Quels sont selon vous les avantages d’utiliser une plateforme numérique de budget participatif ?

À l’échelle de notre ville, le recours à une plateforme numérique permet de simplifier la démarche et de toucher un public plus large et/ou absent à nos réunions publiques. C’est un moyen d’intéresser davantage les administrés à la chose publique. C’est l’une des solutions à ne vraiment pas négliger si l’on souhaite intéresser davantage les habitants d’une ville aux questions de citoyenneté. C’est aussi un outil de gestion de projet et d’archivage efficace puisque via une telle plateforme, toutes les informations sur une concertation sont réunies. C’est même indispensable pour accompagner de tels projets.

Quels résultats et avantages obtenez-vous avec iD CITY en complémentarité des dispositifs physiques existants ?

Lors des concertations sur les budgets participatifs, nous avons pu observer que la répartition des participants était plutôt équitable entre celles provenant des dispositifs physiques (l’urne géante située sur la place de la mairie) et celles issues de la plateforme numérique, avec un léger avantage tout de même pour cette dernière. Notre objectif est de renforcer cette tendance afin que la concertation numérique prenne le pas sur les dispositifs physiques.

Sur quels prochains projets pensez-vous mener une concertation incluant un volet numérique ?

Nous comptons mener une concertation incluant un volet numérique dans le cadre de la prochaine édition du budget participatif.

En quoi le recours à des concertations numériques peut-il faire évoluer la manière de gérer les collectivités ?

La consultation citoyenne se dématérialise progressivement. Il s’agit de modifier les usages et d’avoir recours à l’outil qu’est Internet tout en s’assurant de n’exclure personne de ces consultations. Le recours à une concertation numérique permet aussi de toucher des publics habituellement absents des dispositifs physiques, comme les jeunes ou les familles dont les parents mènent une vie active avec des enfants à charge et manquent donc de temps. Concrètement, ces publics sont plus à même de s’exprimer via un vote numérique que de se déplacer jusqu’à une urne située sur la place de la Mairie.

En quoi les concertations numériques peuvent-elles contribuer à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens ?

Il s’agit d’une évolution des usages à intégrer pour être au plus proche des contraintes quotidiennes – notamment en terme de temps et de disponibilité – de nos administrés. La concertation numérique permet d’enlever des barrières à la prise de position et de parole puisqu’elle abolit les contraintes physiques. En ce sens, c’est aussi une forme de prolongement du magazine municipal qui est également gratuit et adressé à tous les habitants. Ce sont des supports qui permettent, chacun à sa manière, de toucher un public le plus large possible.