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Bricoler solidaire et durable, c’est possible !

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Le projet de “Bricothèque solidaire” de Robert a été plébiscité par le vote des habitants lors de l’édition 2017 du budget participatif de la Ville de Floirac. Habitant de Floirac depuis une dizaine d’années et sensible à l’action sociale, Robert a profité du budget participatif pour proposer son projet solidaire.

C’est lors du forum sur le budget participatif, que Robert a déposé son idée, “la Ville a réuni les habitants qui voulaient participer, il y a eu des ateliers de créés. J’ai pensé à ce projet”. Son constat est le suivant : “les gens ont souvent besoin d’outils pour bricoler, notamment dans les appartements, et acheter un outil peut s’avérer difficile pour certaines personnes en difficulté”. Robert a déposé son projet avant tout pour sa dimension solidaire. C’est par la suite qu’il a eu conscience de sa dimension écologique “une perceuse c’est 12 minutes d’utilisation sur sa durée de vie pour un prix relativement élevé”. Le prêt d’objet est, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), un moyen de réduire l’impact environnemental, à la fois en terme de ressources de matières premières et d’émission de CO2.

Des outils de bricolage disponibles gratuitement

Tout habitant de Floirac peut emprunter des outils à la bricothèque, “c’est gratuit et sans caution. La durée du prêt est de 7 jours”. Robert est le référent de la bricothèque auprès de la Ville de Floirac mais il n’est pas le seul habitant actif, “nous sommes 10 bénévoles, répartis sur 4 jours de la semaine (lundi, jeudi, vendredi et samedi)”. Depuis son ouverture au mois de juin 2018, la bricothèque a trouvé des adeptes puisqu’elle compte 70 adhérents et plus de 200 prêts de matériel.

Pendant la phase de vote, Robert n’a pas mené d’actions particulières. Il a simplement participé aux actions proposées par la Ville, “il y a eu des affichages, des journées de rencontres avec les habitants où tous les projets étaient présentés aux habitants”. Une fois que son projet a été déclaré lauréat, Robert a participé à des réunions avec les services techniques de la Ville. La bricothèque s’est installée dans un tiers-lieu à Floirac, “le local où on est hébergés se situe au Quartier Génial ».

Robert a expérimenté le budget participatif de la Ville dès la première édition et va s’en saisir de nouveau pour l’édition 2019, “je vais proposer un projet qui va s’adjoindre à la bricothèque : une formation des habitants à l’utilisation des outils et à la réalisation de petits travaux chez soi”. La suite logique du premier projet !

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À la découverte de “Madame Vélo” de Floirac

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La Ville de Floirac a lancé son premier budget participatif en 2017. Cette année-là, Muriel, nouvelle habitante de Floirac aurait pu être déclarée citoyenne de l’année. En effet, sur les cinq projets lauréats, Muriel a participé à l’élaboration de deux projets : un projet d’installation d’une tyrolienne dans un parc de la ville, soufflé par sa fille de 4 ans, et un projet de mise à disposition gratuite de vélos électriques aux habitants. C’est ce projet de vélos électriques sur lequel nous avons échangé.

Muriel a travaillé dans le milieu associatif avant de se reconvertir conductrice de bus, “je faisais la promotion du vélo comme moyen de déplacement en milieu urbain”. Lors d’une réunion d’informations sur la mise en place du budget participatif de la Ville, elle a rencontré Marie et Claire avec qui elle partageait “les mêmes questionnements”. Ces trois floiracaises décident alors de mettre en commun leurs connaissances et leurs compétences pour déposer leur idée de mise à disposition de vélos électriques pour tous.

Le vélo pour gagner en autonomie

Chacune avait des sensibilités différentes : “j’insistais beaucoup sur le local et donc je voulais qu’on se fournisse chez un vélociste local. Les filles avec qui je bossais étaient très sensibles à la promotion du vélo par le prisme des femmes”. Muriel complète : “à Floirac, on a beaucoup ce qu’on appelle des “mamans poussette” qui sont souvent captives de cette poussette et des enfants. Leur rayon d’action est limité. Ce qu’on voulait, c’est qu’elles puissent circuler plus facilement”. Les porteuses du projet pensent que le vélo peut être un moyen de gagner en autonomie pour ces femmes mais aussi pour tout habitant.

De plus, « la topographie de la ville est un peu particulière : elle a un haut et un bas Floirac ». Les deux parties de la Ville ne sont pas suffisamment reliées : « on n’a pas de vraie navette qui va en haut et en bas » et limitent donc les déplacements. Un des objectifs du projet était ainsi de « trouver des points de chute pour les vélos aussi bien en haut qu’en bas. De sorte que ces mamans poussettes se déplacent en haut et en bas » autant qu’elles le désirent.

Pour convaincre les Floiracais de voter pour le projet, Muriel et Marie ont mené quelques actions : “comme j’avais une page Facebook assez active sur la question du vélo dans la métropole bordelaise, je relayais le projet dessus et auprès des journalistes locaux”. Par ailleurs, “la Ville proposait aux porteurs de projets de tenir des stands (lors d’événements locaux) pour présenter leurs projets”.

Un projet porté du début à la fin

Une fois le projet élu, Muriel a fourni une importante dose de travail bénévole pour mener à bien le projet, “ce que j’ai apprécié dans la démarche de budget participatif, c’est qu’il ne suffisait pas de proposer une idée. On donne une idée, il faut la faire vivre jusqu’au bout”. Grâce à ses connaissances, Muriel a pu proposer des devis détaillés à la Ville, notamment sur les modèles de vélos, leur autonomie, leurs équipements, etc.

Pour emprunter un vélo, la démarche est la suivante : “il faut passer à la mairie pour faire établir une carte et signer une charte d’utilisation. Le but est de responsabiliser les gens par rapport au coût du matériel qui leur est prêté. L’utilisation est gratuite car le frein économique est énorme pour une partie de la population”. Un an après la réalisation du projet, les vélos triporteurs ont du succès et sont régulièrement utilisés par des familles.

Ainsi, le projet “Vélos électriques pour tous” répond avant tout à des problématiques d’autonomie et d’économie. Les porteuses du projet étaient déjà équipées en vélo, il n’était donc pas question de leur propre intérêt personnel, “les vélos je ne les ai pas empruntés une seule fois. Je veux seulement que les floiracais les utilisent et s’en emparent”. Mais le budget participatif a également permis à Muriel, aussi appelée “Madame Vélo”, de l’aider à s’intégrer socialement, “le budget participatif a été une bonne expérience en tous points : humainement, techniquement”.

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Interview de Fabien Leroy, directeur de cabinet du Maire de la Ville de Pessac

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Rencontre avec Fabien Leroy, directeur de cabinet du Maire de la Ville de Pessac

La Ville de Pessac (61 859 habitants) a lancé son premier budget participatif en 2018. Les Pessacais disposaient d’une enveloppe de 200 000 euros pour proposer des projets qui répondent à leurs besoins. Rencontre avec Fabien Leroy, directeur de cabinet du Maire de la Ville de Pessac, pour en savoir plus.  Entretien réalisé en septembre 2018.

Quels sont les dispositifs physiques en place dans votre ville favorisant le dialogue avec les citoyens ?

Le CESEL (Conseil économique social et environnemental local), les conseils citoyens, les mairies de proximité, les conférences de secteur (la ville est divisée en 4 secteurs), le Maire en direct (rencontres avec le Maire sans RDV).

Quels sont pour vous les avantages de ces dispositifs ?

Cela permet d’identifier des besoins imprévus et offre un échange constructif et direct entre la municipalité et les habitants. Cela offre également aux habitants la possibilité de s’investir dans la vie locale plus facilement.

Quelles sont pour vous les limites de ces dispositifs ?

Une faible participation, avec toujours le même noyau dur de participants. On constate également une érosion au fil du temps. Une difficulté à toucher toutes les couches de la population (actifs, étudiants…).

Quelle(s) concertation(s) avez-vous par exemple menées avec iD CITY ?

Le budget participatif de la Ville de Pessac lancé en février 2018.

Quels sont selon vous les avantages d’utiliser une plateforme numérique pour associer les citoyens ?

C’est un outil clés en main. La facilité d’utilisation d’une plateforme numérique permet de toucher un éventail de la population plus large, plus rapidement. Un autre avantage est la diffusion plus complète et variée de l’information (vidéos, fichiers joints, photos…). Et c’est plus ludique.

Quels résultats (chiffres) et avantages obtenez-vous avec iD CITY en complémentarité des dispositifs physiques existants ?

Pour une première expérience dont les délais de mise en place ont été contraints, les résultats sont satisfaisants : 71 projets déposés, 350 commentaires, 260 votes et au final 14 projets retenus.

Sur quels prochains projets pensez-vous mener une concertation incluant un volet numérique ?

Le budget participatif sera reconduit en 2019.

En quoi le recours à des concertations numériques peut-il faire évoluer la manière de gérer les collectivités ?

A Pessac, accentuer la démocratie participative est une volonté forte. Même si une concertation numérique reste un moyen comme un autre de consulter les citoyens, cela permet d’offrir une meilleure association des habitants à la gestion municipale : cela libère la parole des citoyens qui, du coup, s’investissent plus facilement. 

Trop souvent, la concertation avec les citoyens se résume à une information municipale et quelques ajustements de principe sur les projets présentés. A Pessac, nous avons la conviction qu’il faut réinventer le mode de concertation et tendre vers la participation citoyenne. Plus ouverte, moins normée, favorisant davantage les interactions avec les habitants et entraînant ainsi une modification réelle des décisions politiques. La plateforme IDCITY nous a permis tout cela.

En quoi les concertations numériques peuvent-elles contribuer à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens ?

Ce type de concertations permet de répondre plus spontanément aux préoccupations des experts du quotidien que sont les citoyens. Cela favorise également un dialogue plus direct.

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iD Citoyennes : Du street workout à Aytré grâce au budget participatif

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David, habitant de la Ville d’Aytré, s’est emparé du budget participatif de sa commune pour favoriser la diffusion d’une nouvelle pratique sportive : le street workout. Si vous l’ignorez, le street workout est une discipline qui se pratique en extérieur et qui mêle des exercices issus de la gymnastique et de la musculation. David et Laurie, les deux co-porteurs du projet, ont saisi l’opportunité du budget participatif d’Aytré pour déposer un projet de création d’un parcours de street workout. Ce projet a pour but de “permettre aux personnes qui n’ont pas les moyens de payer un abonnement en salle, de pratiquer gratuitement et librement le fitness ou la musculation”.

Une pétition pour mobiliser

Avant de proposer leur projet au budget participatif, David et Laurie ont fait circuler une pétition auprès de leurs amis, familles, voisins et des sportifs de la commune pour évaluer l’attente d’un projet de ce type. Après plus de 200 signatures et la création d’une page Facebook pour promouvoir le projet, un dossier est déposé sur https://budgetparticipatif.aytre.fr/.

Pour convaincre les Aytrésiens de voter en faveur du parcours de street workout, les co-porteurs du projet ont fourni un travail conséquent : “On avait fait faire quelques devis auprès de certains constructeurs, on a créé un dossier avec des images de simulation d’implantation au lac avec des photos prises du ciel. On a conçu un gros dossier et ça a plu autant aux élus qu’aux habitants d’Aytré”. Des efforts payants puisque le projet est choisi par les Aytrésiens à l’issue de la phase de vote.

Un partage mutuel dans la réalisation du projet

A ce jour, le projet est toujours en cours de réalisation. David et Laurie sont régulièrement consultés par la Ville d’Aytré : “J’ai participé à une réunion fin juin pour nous demander de choisir quel constructeur nous intéressait le plus. On avait le choix entre 5 ou 6 constructeurs pour donner un ordre de préférence”. David apprécie particulièrement ce “partage mutuel” et de ne pas avoir été “mis sur la touche” une fois le projet voté par les habitants.

Le budget participatif de la Ville d’Aytré est selon David “un beau projet” qui “permet de répondre à certaines demandes et certaines envies”. Il apprécie cette démarche dont la vertu est “d’entendre les citoyens”. Les Aytrésiens n’ont plus que quelques mois à attendre pour pouvoir profiter du parcours de street workout et se dépenser sans compter !

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iD Citoyennes : valoriser les métiers manuels auprès des jeunes avec « l’outil en main »

La Ville de Grand-Champ a mis en place une plateforme de boîte à idées numérique en 2016. Parmi les projets soumis à la Ville et dorénavant mis en oeuvre, figure “l’outil en main du Loc’h”. Nous avons échangé avec le président de l’association pour en savoir plus sur cette initiative citoyenne.

La boîte à idées de Grand-Champ

Tristan Gesret est chargé de la mise en place des projets déposés sur la boîte à idées pour la Ville de Grand-Champ. Après la validation politique de l’idée, c’est lui qui a coordonné les différents acteurs jusqu’à la concrétisation du projet sous forme d’association. Une fois son travail réalisé, il a décidé de rester lié à l’association : “le projet m’a plu et j’ai décidé de continuer après bénévolement pour l’association”.

Une association intergénérationnelle

L’objectif de l’association “L’outil en main du Loc’h” est de “faire connaître et redorer l’image des métiers manuels et du patrimoine auprès des enfants”. L’association accueille tous les mercredi des jeunes de 9 à 14 ans pour les initier aux métiers manuels aux côtés d’artisans. Les enfants peuvent s’initier à de nombreux métiers différents : “on propose 17 métiers. maçonnerie, cuisine, plomberie, bijouterie, poterie…”. L’association souhaite garantir “une relation privilégiée entre l’enfant et l’artisan”. Pour cela, le ratio est de deux jeunes maximum par artisan lors des activités. L’association compte aujourd’hui une trentaine de bénévoles, dont 23 gens de métier. Des artisans qui aiment leur métier et qui aiment surtout transmettre leur savoir-faire.

Pour donner vie à cette association, Tristan gesret a “organisé des réunions publiques de présentation du projet, fédéré un noyau dur d’artisans bénévoles, cherché des financements” et visité l’outil en main du Pornichet pour profiter de leur expérience. La Ville de Grand-Champ a également mis à disposition de l’association un local de 400 m2. Le projet a vu le jour en 9 mois seulement.

Des effets sur l’orientation des jeunes

L’association est victime de son succès car elle ne possède pas suffisamment de bénévoles pour répondre à la demande. Pour cause, les outils en main créent des vocations : “l’association nationale des outils en main indique que 40% des jeunes qui ont participé à des activités de l’association s’orientent ensuite vers des filières manuelles”. Les centres de formation d’apprentis l’ont bien compris et l’outil en main du Loc’h a lié un partenariat avec le centre de formation d’apprentis de Vannes pour “permettre aux enfants de découvrir les possibilités d’orientation qu’ils ont après le collège”.

De nouveaux projets

Désormais, le but de l’association est de mettre “le projet sur les bons rails” avant de se tenirprêt à ouvrir à un plus large public” : adultes et établissements spécialisés par exemple. Un autre objectif est de “développer les outils en main sur Vannes agglomération”. En à peine un an, la contribution déposée par une citoyenne sur la plateforme de la boîte à idées numérique de Grand-Champ a pris de l’ampleur. Une réussite qui va bientôt être suivie par la concrétisation de nouveaux projets !

En savoir plus sur “L’outil en main du Loc’h”.

 

iD Citoyennes : protéger les abeilles grâce au budget participatif

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En 2017, les Lanestériens ont choisi d’élire le projet “Des ruches sur les toits” au budget participatif. Bernard, retraité du domaine de la construction navale et habitant de Lanester depuis toujours, est le porteur de ce projet.

De l’apiculture urbaine à Lanester

En s’informant, Bernard a appris que “les ruches et les abeilles se plaisent désormais mieux en ville qu’à la campagne à cause des pesticides qui y sont déversés”. Par ailleurs, il a fait le constat que “Lanester est une ville très fleurie” et que la municipalité s’est engagée à entretenir ses espaces naturels sans utiliser de produits phytosanitaires. Bernard trouvait “dommage qu’il n’y ait pas d’abeilles pour butiner” les nombreuses fleurs de la ville. C’est pourquoi il a proposé son projet d’apiculture urbaine au budget participatif de la Ville.

A l’origine, Bernard proposait d’implanter les ruches sur les toits de quelques bâtiments publics. Cependant, “le projet n’était pas acceptable en l’état pour des raisons de sécurité”. Finalement, l’installation des ruches a migré vers une ferme pédagogique installée à Lanester. Ainsi, le projet qui visait à protéger les abeilles possède désormais un rôle de sensibilisation à cette cause auprès de la population.

Du miel un an après le budget participatif

Suite à la sélection du projet, un apiculteur professionnel a été contacté pour superviser la démarche. Trois ruches sont déjà installées à la ferme pédagogique. Deux nouvelles ruches et deux essaims d’abeilles vont être implantés grâce à l’enveloppe du budget participatif. Cette dernière permet également d’acheter du matériel et de financer une formation aux bénévoles qui animeront des ateliers auprès des visiteurs de la ferme pédagogique. La première extraction de miel a eu lieu en septembre. Seulement un an après la fin de l’édition 2017 du budget participatif !

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Quel avenir pour les budgets participatifs ? Entretien avec Gilles Pradeau.

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Suite de notre échange avec Gilles Pradeau sur le développement des budgets participatifs en France (accès au premier article). Au programme de ce second article : décryptage de l’avenir des budgets participatifs et de leur diffusion à d’autres types d’organisations que les municipalités. Entretien réalisé au mois de septembre 2018.

Une recherche d’équilibre territorial

Lors de son importation en France, le budget participatif a subi quelques modifications : “En terme de définition on s’éloigne de plus en plus de ce qui existe en Amérique latine”. Sa dimension sociale a quasiment disparue par exemple. Elle demeure sur quelques démarches : “l’aspect redistributif en France a parfois tendance à se faire lorsque dans les règlements il est précisé qu’on sélectionne au moins un projet par quartier”. Certaines collectivités tiennent à conserver une forme d’équilibre territorial et à ne pas favoriser un quartier plus qu’un autre.

En termes de légitimité, Gilles Pradeau se demande si le budget participatif ne conduit pas à favoriser des projets peu structurants, voir déstructurants pour l’urbanisme : “les budgets participatifs ne contribuent pas à ce jour au débat sur la planification urbaine : les projets poussent sans cohérence d’ensemble, car il n’y a pas de débat sur l’intégration du budget participatif dans le projet global d’une ville, et le suivi des projets peut être chronophage pour des équipes techniques qui ne voient pas toujours l’intérêt de consacrer du temps à des projets venant de « simples citoyens ». Certains services peuvent en effet voir leurs priorités de chantier, décidées en fonction de leur expertise, bouleversées par quelques centaines de citoyens. Ce choc de légitimités est d’autant plus conséquent lorsque « ni les habitants ni les services ne peuvent garantir la fiabilité du vote, car la fraude est rarement contrôlée, à l’exception de Grenoble« .

Les budgets participatifs : un effet de mode ?

Entre 2014 et 2018, le nombre de budgets participatifs est passé de 4 à 110. Cet important développement lors des dernières années est-il le résultat d’un effet de mode ou d’une tendance qui va se fortifier à l’avenir ? Pour Gilles Pradeau, la réponse “dépend du résultat des prochaines élections municipales”’ mais aussi “du sens que les nouvelles équipes vont investir dans le budget participatif”. Dès lors, de nombreuses questions se posent. Est-ce que les nouvelles équipes municipales vont conserver les démarches déjà mises en oeuvre dans leur commune ? Est-ce que ces démarches vont accorder des enveloppes budgétaires plus importantes ?

Il paraît difficile de donner des pronostics sur les évolutions du budget participatif en France après 2020. Une chose est certaine, l’avenir du budget participatif ne serait pas lié à un parti politique plutôt qu’un autre : “on peut avoir des élus très démocrates ou très autocrates dans n’importe quel parti”.

Par ailleurs, le maintien des budgets participatifs actuels va aussi dépendre de leur degré d’institutionnalisation au sein de la collectivité. Certains cas, comme celui de Porto Alegre, continuent d’exister “de manière zombie”. Gilles Pradeau nous explique que ce budget participatif est maintenu en vie de manière artificielle car “c’est une marque de fabrique de la ville qui continue de faire venir des chercheurs”. De fait, seulement 25% des projets du budget participatif de Porto Alegre auraient été réalisés sur la dernière mandature.

Le Gers : Département pionnier des budgets participatifs

Le budget participatif n’est pas réservé aux communes. Progressivement, le dispositif se diffuse à d’autres organisations et d’autres échelles territoriales. Quelques offices HLM en région parisienne disposent d’un budget participatif, ainsi que quelques universités avec des sommes encore modestes.

Le Département du Gers est le premier Département français à s’être lancé dans l’aventure du budget participatif. Il a attribué une enveloppe d’un million d’euros et plus de mille projets ont été déposés sur sa plateforme de budget participatif. Malgré des “marges de manœuvre budgétaires très faibles” pour les départements, Gilles Pradeau ne voit “aucune contre-indication” à ce que d’autres départements lancent un dispositif similaire. De même pour les régions, à l’image de la Région Poitou-Charentes et son initiative de budget participatif des lycées, lancée en 2005 et arrêtée depuis.

Néanmoins, plus les mandats approchent de la fin et plus les chances de voir arriver de nouveaux budgets participatifs s’amoindrissent. En effet, il est très peu probable que les projets choisis puissent se réaliser avant la fin des mandats, ce qui “pose un problème de légitimité”. Après une période de transition à venir, il faudra donc observer si les budgets participatifs connaîtront à partir de 2020/2021 une nouvelle vague de développement.

 

Nous remercions Gilles Pradeau de nous avoir accordé du temps pour réaliser cet entretien. Pour suivre son actualité : Twitter.

Lien vers le cours vidéo “concevoir un budget participatif” réalisé par Gilles Pradeau pour le Master “ingénierie de la concertation” de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

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iD Citoyennes : une give box pour donner une seconde vie aux objets quotidiens

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Rencontre avec Anthony, porteur d’un projet de l’édition 2017 du budget participatif de Talence

Anthony est porteur d’un projet de give box dans le cadre de l’édition 2017 du budget participatif de la Ville de Talence. L’idée lui est venue lors de sa mission de service civique au CROUS de Bordeaux. Son rôle était de sensibiliser les étudiants au développement durable. Il a profité du budget participatif de sa commune pour attirer l’attention des Talençais sur ce sujet.

Une give box (“boîte à donner” en français), est une cabine installée sur l’espace public et dans laquelle les habitants peuvent “déposer des objets ou des vêtements de taille moyenne, pas plus gros qu’un micro-onde”. L’objectif est de “redonner une seconde vie à des objets dont on n’a plus l’utilité” mais qui pourraient servir à d’autres personnes “plutôt que de le jeter”.

Source : https://www.facebook.com/Givebox

Les give box contribuent ainsi à réduire les déchets et à préserver nos ressources naturelles. Anthony a élaboré son projet en prenant le soin de garantir une répartition géographique et sociale équitable du territoire : “il y a des give box sur trois zones et trois quartiers avec une population différente. Une en centre ville, une autre dans un endroit pavillonnaire et une dernière dans un quartier populaire et plus dense”.

Le porteur de projet nous confie qu’il n’a “pas fait grand chose” pour que son projet soit choisi par les Talençais. Il a fait un peu de publicité sur ses réseaux sociaux personnels mais il s’est surtout appuyé sur la communication menée par la Ville de Talence : “les services de la mairie qui s’occupaient du budget participatif ont créés et imprimés des affiches de présentation des projets avec des photos et un texte explicatif”. Les porteurs de projets ont également été conviés à une réunion pour présenter leurs idées aux habitants.

Un contact continu avec la Ville

A l’issue de la phase de vote, Anthony a été “mis en contact avec le service développement durable de la Ville de Talence tout au long du processus”. Il est fréquemment consulté sur les avancées du projet et a notamment choisi l’emplacement exact des give box dans les quartiers d’implantation. Elles seront installées au cours du mois de septembre.

Enfin, Anthony se réjouit que la Ville de Talence propose un budget participatif. Selon lui, “souvent on se plaint que dans des grandes villes, en tant que citoyen, on n’a pas forcément le pouvoir d’agir”. Avec une enveloppe de 350 000 euros en 2018 et une population de 42 171 habitants, le budget participatif de la Ville représente 8.30€ par habitant. Une enveloppe qui a permis à Anthony de concrétiser son projet bénéfique pour la planète !

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Analyse critique des budgets participatifs. Entretien avec Gilles Pradeau.

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Les démarches de budgets participatifs se sont multipliées en France ces dernières années. iD City a échangé avec Gilles Pradeau, doctorant de l’université de Westminster, qui réalise une recherche comparative des budgets participatifs français et brésiliens pour décrypter ce phénomène. Dans cette série de deux articles, nous vous proposons une analyse critique des budgets participatifs français. Entretien réalisé au cours du mois de septembre 2018.

Un contexte technologique favorable

Depuis les dernières élections municipales de 2014, le nombre de budgets participatifs en France a considérablement augmenté. Le nombre de démarches de ce type est passé de 4, en 2014, à près de 110 aujourd’hui. Selon Gilles Pradeau, le principal facteur d’explication est “un contexte technologique porteur”. Le plus souvent, les collectivités utilisent le numérique pour “collecter les idées par des formulaires d’envoi de mail”. La technologie facilite donc la phase de dépôt des projets mais n’est pas toujours synonyme de plus de transparence car les projets soumis ne sont pas toujours publics. Seulement 13%* des cas permettraient aux citoyens de commenter les projets soumis grâce à une plateforme numérique de budget participatif.

Gilles Pradeau explique également le développement des budgets participatifs par l’essoufflement d’un autre dispositif de participation : les conseils de quartiers. Il a calculé que “57% des villes de plus de 100 000 habitants ont un budget participatif”. Face aux vieillissants conseils de quartiers, le budget participatif est un moyen de redynamiser la participation citoyenne des pôles métropolitains : “les villes centres sont toujours à la recherche des dernières idées innovantes pour améliorer la communication avec leurs citoyens”. Néanmoins, Gilles Pradeau juge que ce phénomène est assez ambivalent. D’un côté, “on redonne un peu de poids aux citoyens” et de l’autre “il y a des baisses de dotations de l’Etat” qui augmentent les contraintes budgétaires des collectivités. Si bien que le budget participatif donne “un coup de projecteur sur une petite enveloppe du budget total alors que par ailleurs d’autres choix plus drastiques sont pris sur 99% du budget restant”.

L’écoute sélective des budgets participatifs

En matière de transparence, les budgets participatifs sont généralement assez peu exemplaires. Gilles Pradeau observe que “sur l’ensemble du budget des collectivités, il n’y pas d’effort de pédagogie en parallèle des budgets participatifs”. De nouveau, le contexte technologique est pourtant favorable avec l’essor des plateformes d’open data mais les collectivités ne s’en sont pas véritablement emparées.

De plus, les démarches en elles-mêmes ne sont pas toujours très transparentes dans leurs fonctionnements : “il y a une grosse marge de progrès à avoir, notamment sur la manière dont les projets sont réellement choisis”. Notre interlocuteur a calculé qu’en 2017, “la Ville de Paris a recalé près de 82% des projets déposés par les citoyens entre le moment où les suggestions sont faites et celui où on passe au vote”. (La Mairie de Paris ne partage pas cette analyse et nous a fourni ses chiffres. Voir encart en bas de l’article).

Ainsi, malgré des critères explicitement indiqués dans les règlements, il existerait parfois “un filtre qui ne porte pas son nom”. Gilles Pradeau précise : “ce sont des cas typiques d’écoute sélective, comme le dit Sintomer. Derrière un processus qui paraît très ouvert, il y a pleins de choix qui s’opèrent pour ne sélectionner que les projets qui plaisent à la municipalité. Que ce soit au niveau politique ou technico-administratif”.  

Le principal défaut mentionné des budgets participatifs français est un manque de justification des projets recalés : “la plupart des budgets participatifs ne communiquent absolument pas sur les raisons pour lesquelles les projets ont été recalés”. Quand c’est le cas, cette information est la plupart du temps réservée au porteur du projet concerné et ne fait pas l’objet d’une communication publique. Parfois, cette information est diffusée uniquement lors de réunions publiques et non sur les sites web des collectivités ou les plateformes de budget participatif.

Des processus délibératifs sous-exploités

Lors d’un budget participatif, la délibération peut se matérialiser sous différentes formes. La première est “une dimension en ligne comme iD City, qui permet de commenter les propositions tout au long de la démarche”. Gilles Pradeau juge nécessaire de coupler l’usage d’une solution de budget participatif avec l’organisation de réunions publiques. Selon ses observations, elles sont souvent animées par des tiers mais il a vu qu’il était “encore assez courant que ces réunions continuent d’être présidées et animées par des élus”. En particulier dans les petites villes qui ne disposent pas toujours de services dédiés au budget participatif.

Le plus souvent, la délibération est assurée par des réunions visant à échanger autour des projets proposés par les citoyens. Cependant, Gilles Pradeau estime que cette manière de faire n’est pas la meilleure : “le biais des budgets participatifs français est de discuter des projets d’emblée, sans discuter des besoins”. Il prend l’exemple de la commune de Couhé (86), qui travaille avec une facilitatrice pour faire une liste des besoins avec les habitants. A partir des besoins recensés, les habitants proposent ensuite des projets associés.

A Porto Alegre, une réflexion similaire existe. Gilles Pradeau en a été témoin : “là-bas il y a une vraie réflexion sur les priorités. A savoir ce qui est prioritaire entre la rénovation urbaine ou la vie culturelle par exemple”. Il regrette que cette manière de faire soit quasiment inexistante en France : “les budgets participatifs en France, que l’on regarde comment se construisent les projets et la manière dont est fait le vote, il n’y a jamais cette discussion pour politiser les gens au sens noble, pour échanger sur la vie de la cité et en termes de dépenses publiques”. Il estime que les budgets participatifs ne devraient pas se contenter d’être des “boîtes à idées sur laquelle on va voter pour des projets” mais également contenir un objectif pédagogique fort. Ceci pour pallier à la méconnaissance du fonctionnement de l’action publique et du budget des collectivités en particulier.

* : Gilles Pradeau, Participatory budgeting un France : Opening local budgets or lipservice ?

Retrouvez dans quelques semaines la suite de notre entretien avec Gilles Pradeau ! Pour ne rien rater, suivez nous sur les réseaux sociaux : Twitter et Facebook.

Lien vers le cours vidéo “concevoir un budget participatif” réalisé par Gilles Pradeau pour le Master “ingénierie de la concertation” de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

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Sur les 2446 projets déposés en 2017, 905 ont été soumis au vote, après avoir été, pour certains, regroupés par le biais d’ateliers de co-construction notamment. De ce fait, les 484 projets affichés sur nos bulletins de vote relevaient pour partie de regroupements. Ces regroupements sont eux-mêmes organisés à la suite d’analyses qui montrent leur utilité pour garantir la lisibilité des bulletins de vote et l’appropriation de ce processus par un large nombre de Parisien.ne.s. Au final, c’est donc 63% des projets qui sont refusés, et non 82%. Sur ces 63% de projets refusés, soit 1541 projets : 1052 (68%) le sont car ils ne répondent pas aux règles –énoncées en toute transparence au moment du dépôt des propositions- de recevabilité (projet d’investissement relevant des compétences de la Ville, contribuant à l’intérêt général et n’induisant pas de coûts de fonctionnement trop élevés). En bref : dès lors qu’ils sont recevables, 2 projets sur 3 sont faisables et mis au vote.

Le service de la participation citoyenne de la Ville de Paris

Interview de Nicolas Bernard, responsable du service développement durable / agenda 21 de la Ville de Concarneau

Rencontre avec Nicolas Bernard sur la concertation numérique à Concarneau

La ville de Concarneau (19200 habitants, située dans le Finistère) a recours à la concertation numérique en complément des dispositifs physiques existants. Rencontre avec Nicolas Bernard, responsable du Service Développement Durable / Agenda 21 à la Mairie. Entretien réalisé au cours du moins de février 2018.

Quels sont les dispositifs physiques en place dans votre ville favorisant le dialogue avec les citoyens ?

Nous avons mis en place des conseils de quartier afin de favoriser le dialogue avec les citoyens, que nous complétons avec des enquêtes publiques et des réunions publiques le cas échéant. Pour certains projets, nous prévoyons des dispositifs spécifiques, comme des groupes de travail ou des ateliers citoyens, mais ces derniers restent relativement rares.

Quels sont pour vous les avantages de ces dispositifs ?

Si je prends l’exemple des conseils de quartier et des réunions publiques, ils permettent de créer des espaces de dialogues, de rencontres et d’écoute mutuelle entre la ville et ses habitants. En cela, les dispositifs physiques permettent d’informer les citoyens. Pour ce qui concerne les enquêtes publiques, cela relève du réglementaire et des procédures.

Quels sont pour vous les limites de ces dispositifs ?

La diversité des habitants touchés par ces dispositifs physiques reste faible et, au final, peu représentative. De plus, ils peuvent refléter des formats parfois peu dynamiques, qui demandent en outre un savoir-faire en médiation. La pédagogie du “travailler ensemble” et de la concertation demande un temps long pour arriver à dépasser l’intérêt individuel et le côté “liste de doléances” que peuvent susciter ce type de dispositifs.

Quelles concertations numériques avez-vous déjà mené avec iD CITY ?

Avec la plateforme numérique proposée par iD CITY, nous avons mis en place un recueil de propositions d’actions auprès des habitants dans la phase d’élaboration de l’Agenda 21 local. Nous avons réitéré l’expérience dans le cadre de la modification du zonage du plan local d’urbanisme d’un quartier de Concarneau, en l’occurrence le quartier Foch.

Quels sont selon vous les avantages d’utiliser une plateforme numérique pour associer les citoyens ?

Avoir recours à une plateforme numérique permet de se donner les moyens de toucher un public plus large et plus diversifié. Cela crée également une dynamique davantage en phase avec l’échange d’informations via les réseaux sociaux. Parmi les avantages, il y a aussi celui d’investir un champ de la concertation qui est complémentaire des dispositifs physiques et adaptés à de nouveaux rythmes de vie. L’utilisation d’un volet numérique est proactif car il permet d’aller au devant des habitants et de faciliter leur participation.

Quels résultats et avantages obtenez-vous avec iD CITY en complémentarité des dispositifs physiques existants ?

Concrètement, grâce à la complémentarité de la plateforme numérique, plus d’une centaine de personnes non habituées des dispositifs physiques classiques se sont exprimées, pour un total de 100 propositions pour l’Agenda 21 (et autant de commentaires, avec seulement deux modérations nécessaires !) et autant pour la concertation sur le quartier Foch.

Sur quels prochains projets pensez-vous mener une concertation incluant un volet numérique ?

Nous projetons de mener une concertation sur le réaménagement des abords de l’espace jeune, ainsi que pour le projet de réaménagement de la place du Général de Gaulle située en centre-ville.

En quoi le recours à la concertation numérique peut-il faire évoluer la manière de gérer les collectivités ?

Le recours à des concertations numériques fait évoluer la manière de gérer une collectivité car elles participent à la modernisation du service public. Elles contribuent aussi à la prise en compte de la parole citoyenne. Or nous constatons une demande de plus en plus forte de la part des habitants à ce sujet.

En quoi la concertation numérique peut-elle contribuer à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens ?

Les concertations numériques peuvent contribuer à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens à la condition que la concertation s’inscrive dans un ancrage local avec une réelle contribution à la prise de décision par les élus au final. Elles peuvent aussi faciliter l’acceptabilité sociale et changer le regard des habitants, non seulement sur les agents municipaux mais aussi sur les projets municipaux. Elles ne peuvent que renforcer le sentiment d’être à l’écoute en donnant aux habitants les moyens concrets de pouvoir participer à une concertation citoyenne, dans un cadre avec des règles du jeu claires et définies à l’avance pour éviter tout risque de démagogie.