Interview de Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes

Rencontre avec Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes.

La ville de Vincennes (49500 habitants, située dans le Val-de-Marne) utilise la concertation numérique en complément des dispositifs physiques existants. Rencontre avec Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes. Entretien réalisé au mois de février 2018.

Quels sont les dispositifs physiques en place dans votre ville favorisant le dialogue avec les citoyens ?

Chaque année, la ville de Vincennes organise cinq réunions de quartier ainsi que trois ateliers de quartier thématiques en petits groupes. Des comités consultatifs sont aussi mis en place autour de différentes thématiques : culture, sport, affaires sociales, handicap, tourisme, relations internationales, famille ou encore santé. Parmi les dispositifs physiques en place dans notre ville, nous avons également le Conseil Municipal des Enfants, le Conseil des Jeunes de Vincennes et le Conseil des Seniors de Vincennes. Quant à l’Atelier agenda 21, il questionne les problématiques liés au développement durable. Enfin, des tentes sont installées au minimum deux fois par an dans le cadre de l’événement “Les Élus à votre rencontre”.

Quels sont pour vous les avantages de ces dispositifs ?

Les dispositifs physiques présentent trois principaux avantages : la proximité avec les représentants et les élus ; l’expression, le fait de faire entendre sa voix ; et l’échange d’idées qui crée du lien social.

Quels sont pour vous les limites de ces dispositifs ?

On retrouve souvent les mêmes personnes qui s’investissent dans le cadre de ces dispositifs physiques. De plus, ces derniers s’adaptent peu aux modes de vie des gens, en matière de travail, de transport ou encore de vie de famille. Il est donc parfois difficile de trouver le temps de s’investir. Enfin, ces dispositifs physiques souffrent d’une faible participation. Ils favorisent une présence passive du public, dont la majorité ne fait qu’assister aux échanges menés par un petit nombre de personnes avec les élus.

Quelles concertations avez-vous par exemple mené avec iD CITY ?

Nous avons mené une grande concertation intitulée “Ensemble Simplifions Innovons” autour de douze thématiques phares visant à simplifier les démarches administratives, améliorer le cadre de vie, l’accessibilité pour les personnes âgées, les transports urbains, la vie associative, l’emploi et l’attractivité économique, etc.

Quels sont selon vous les avantages d’utiliser une plateforme numérique pour associer les citoyens ?

Une plateforme numérique associe différemment les citoyens car elle s’adapte aux emplois du temps et au mode de vie des habitants. Elle peut toucher ainsi plus de monde. La facilité d’expression est davantage libérée face à un écran qu’en face à face. Elle offre un rapport au territoire plus ouvert et nous permet donner de la visibilité globale aux actions. Elle encourage le développement des échanges, des interactions et répond aussi à l’attente d’interactivité des citoyens en tissant une relation entre la collectivité en tant qu’organisation publique et eux.

Quels résultats et avantages obtenez-vous avec iD CITY en complémentarité des dispositifs physiques existants ?

L’utilisation de la plateforme numérique a permis de recueillir près de 200 propositions de Vincennois lors d’une consultation externe, et près de 250 pour la consultation interne de nos agents. Davantage de personnes ont donc eu la possibilité de s’engager dans notre démarche participative.

Sur quels prochains projets pensez-vous mener une concertation incluant un volet numérique ?

La ville doit mener une réflexion sur les articulations entre consultations physiques et numériques. Une consultation physique va par exemple être menée sur l’extension d’un des marchés d’approvisionnement de notre ville et se doublera d’une concertation en ligne.

En quoi le recours à des concertations numériques peut-elle faire évoluer la manière de gérer les collectivités ?

Le recours à des concertations numériques engendre un plus large éventail de propositions et de témoignages qui permettent de mieux comprendre les besoins et les problématiques des citoyens. Cela met en valeur l’image de la collectivité et ses actions. Cela permet aussi de modifier la posture de la collectivité vis-à-vis des citoyens. La concertation numérique encourage le développement de la participation des citoyens qui deviennent acteurs du changement en pouvant participer dès qu’ils le souhaitent.

En quoi les concertations numériques peuvent-elles contribuer à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens ?

Les concertations numériques contribuent à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens car elles apportent un mode de communication différent. Elles créent une émulation des actions individuelles, ce qui permet de trouver des points convergents et de créer des processus collectifs, facteur de lien social. Enfin, elles permettent à des publics de s’exprimer alors qu’ils ne le feraient pas autrement.

Interview de Thérèse Thiery, maire de Lanester

Rencontre avec Thérèse Thiery, maire de Lanester à-propos de la plateforme de budget participatif

La ville de Lanester (22 000 habitants, située dans le Morbihan) a recours à une plateforme numérique de budget participatif pour renforcer l’efficacité de son processus. Rencontre avec Thérèse Thiery, maire de Lanester. Entretien réalisé au mois de février 2018.

Quels sont les dispositifs physiques en place dans votre ville favorisant le dialogue avec les citoyens ?

Nous avons des dispositifs de « proximité » comme des permanences pour faciliter les rencontres entre élus et habitants, notamment sur le marché. Nous organisons également des visites de quartier une fois par an dans chaque quartier, ainsi que des « Assemblées de quartier » qui prennent la forme de réunions publiques d’information sur chaque quartier, au rythme de deux fois par an, pour informer de l’actualité locale de la ville. Nous avons aussi mis en place des dispositifs de concertation, avec par exemple un cycle annuel intitulé « Vous en pensez quoi ? », sur une période de trois mois de débats selon différentes méthodes et sur un sujet sur lequel la Ville va agir. De manière ponctuelle, nous mettons également en place des ateliers citoyens, via des groupes de quinze à vingt personnes, sur différentes thématiques. La mise en œuvre d’un budget participatif favorise aussi le dialogue avec les citoyens, de même que l’existence de maisons de quartier, la promotion des associations, l’instauration d’un conseil municipal des enfants, l’organisation de rencontres annuelles avec les associations ou encore avec les commerçants.

Quels sont pour vous les avantages de ces dispositifs ?

Les avantages des dispositifs physiques sont multiples. Si je devais en citer un en particulier, ce serait leur capacité à susciter une confrontation de points de vue. En matière de dialogue avec les citoyens, un dispositif physique reste plus engageant qu’une concertation numérique car l’efficacité d’une construction collective uniquement en ligne est moins évidente.

Quels sont pour vous les limites de ces dispositifs ?

En effet, les dispositifs physiques présentent aussi leurs limites… Par exemple, proportionnellement à la population de la ville, ils bénéficient d’une faible participation alors qu’un volet numérique d’une concertation élargit le spectre de participants. Il va mobiliser des catégories sociales plus populaires, des participants plus jeunes, etc. C’est pour cela que les approches physiques et numériques sont complémentaires dans le cadre d’une démarche globale de concertation citoyenne.

Quelles concertations numériques avez-vous déjà mené avec iD CITY ?

Nous avons mené une concertation avec iD CITY dans le cadre d’un cycle « Vous en pensez quoi ? » sur l’aménagement d’un espace public. Pour ce faire, nous eu recours à la plateforme pour recueillir des idées pendant trois mois. Nous avons également utilisé la plateforme d’iD CITY à deux reprises dans le cadre du budget participatif, pour la phase de dépôt des projets puis pour le vote final.

Quels sont selon vous les avantages d’utiliser une plateforme numérique de budget participatif pour associer les citoyens ?

L’utilisation d’une plateforme numérique permet d’augmenter l’inclusion des dispositifs. Par exemple dans le cadre du budget participatif, le recours à un volet numérique a permis de toucher beaucoup plus de publics que nos autres dispositifs. L’un des avantages est que cela amoindrit le niveau de contrainte d’entrée dans les dispositifs participatifs : on y participe quand on veut et le temps qu’on veut. C’est plus souple, plus facile d’accès et plus attractif.

Quels résultats et avantages obtenez-vous avec iD CITY en complémentarité des dispositifs physiques existants ?

Si je prends l’exemple du budget participatif en 2017, en deux mois, 93 projets ont été déposés, pour un total de 291 commentaires et plus de 6000 likes. Le vote final a rassemblé 1540 votants, dont 1300 en ligne via la plateforme numérique.

Sur quels prochains projets pensez-vous mener une concertation incluant un volet numérique ?

Nous comptons mener une concertation incluant un volet numérique en 2018, dans le cadre de la nouvelle édition du budget participatif. Un travail de réflexion est également en cours sur la mise en œuvre d’une plateforme web globale dédiée à la participation, comme dispositif à part entière et pérenne dans le temps, au-delà du seul budget participatif. Donc potentiellement, nous souhaitons mener des concertations avec un volet numérique sur de multiples sujets et avec de multiples outils, avec l’objectif d’exploiter au maximum les fonctionnalités de la nouvelle version de la plateforme proposée par iD CITY.

En quoi le recours à des concertations numériques peut-elle faire évoluer la manière de gérer les collectivités ?

Selon nous, la concertation numérique n’est pas différente en soi de la concertation tout cours. C’est juste un outil supplémentaire à disposition, avec ses intérêts certains comme l’inclusion, et aussi ses limites, comme une certaine superficialité de la participation qui peut être moins impliquante ou engageante pour les participants ou qui peut s’accompagner d’une plus grande difficulté à confronter les points de vue. La concertation numérique ne peut même sans doute être pertinente qu’à partir du moment où elle entre en complémentarité avec des dispositifs qui ont une réalité physique.

En quoi les concertations numériques peuvent-elles contribuer à renforcer le lien de proximité entre élus, agents et citoyens ?

Tout outil qui offre un espace de parole a vocation à renforcer ce lien de proximité entre élus, agents et citoyens. Dans ce cadre, une concertation numérique est un outil de plus à disposition pour renforcer ce lien. Prenons l’exemple d’un élu qui tient un stand sur un marché pour être au contact des citoyens : il est présent à des horaires précis, auprès d’habitants qui ont l’habitude d’aller au marché et qui sont disponibles pour s’y rendre. Or cela écarte potentiellement de nombreux habitants pris par leur vie active, des enfants à s’occuper, etc. Une concertation numérique permet dès lors une plus grande flexibilité au niveau de la participation des citoyens.